Sommet sur l’enseignement supérieur
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Discours de bienvenue de Mme Aicha Bah Diallo
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10 mars 2015
Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de gouvernements,
Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres,
Honorables dignitaires,
Mesdames et Messieurs les chefs de délégation,
Chers bailleurs partenaires de TrustAfrica,
Mesdames et Messieurs les Recteurs d’universités,
Mesdames, Messieurs les universitaires,
Chers étudiants,
Mesdames et Messieurs de la presse,
Mesdames et Messieurs qui nous suivez des quatre coins du monde,
Je voudrais d’abord adresser mes sincères remerciements à nos partenaires institutionnels d’être venus, nombreux, répondre à notre invitation et partager notre vision d’un développement socio-économique inclusif pour l’Afrique, par la transformation de l’enseignement supérieur.
Mes remerciements s’adressent également à nos partenaires à l’organisation de ce Sommet pour leur rôle dans l’élaboration d’une vision commune ayant abouti à la création d’une plate-forme continentale de réflexion sur l’avenir de ce secteur essentiel. Je veux nommer :
TrustAfrica
Le gouvernement du Sénégal,
La Commission de l’Union africaine (CUA),
Le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA),
L’Institut Africain de Développement Economique et de Planification des Nations Unies
L’Association des universités africaines,
La Banque africaine de développement,
La National Research Fondation d’Afrique du Sud,
L’Association pour le développement de l’éducation en Afrique,
La Carnegie Corporation de New York,
La Fondation MasterCard; et
La Banque mondiale
Je tiens à exprimer ma reconnaissance au Professeur Mary Teuw Niane et à son équipe du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, aux fonctionnaires des ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères pour le temps et les efforts qu’ils ont consacrés à la préparation et à l’organisation de cette rencontre.
Par votre engagement sans faille et votre dévouement sans réserve vous faites honneur à votre fonction.
Pour beaucoup d’entre nous, TrustAfrica est encore aujourd’hui peu connue. Elle est l’une de ces rares organisations africaines actuellement engagées dans un processus continu de mobilisation de ressources philanthropiques provenant à la fois du continent et des pays du Nord.
TrustAfrica cherche à appuyer et à promouvoir la capacité des Africains à disposer eux-mêmes de leur avenir grâce à des initiatives continentales comme ce sommet qui nous réunit aujourd’hui.
En termes d’envergure, TrustAfrica est une très petite organisation qui a l’habitude de faire des pas de géant. Nous tirons notre force de notre profonde conviction que l’Afrique réalisera un jour un développement collectif et une gouvernance démocratique inclusive.
Nous reconnaissons que nous ne détenons pas, seuls, les solutions aux défis qui interpellent le continent dans ce domaine. Nous avons des amis et des partenaires qui nous aident à réaliser cette grande vision pour notre continent. J’ai le privilège d’appeler chacun ici présent « ami de TrustAfrica », un statut dont témoigne votre volonté de participer à ce processus révolutionnaire qui permettra d’élaborer une stratégie accompagnant la marche de ce secteur au cours des 50 prochaines années.
Excellences, Mesdames et Messieurs, soyez encore une fois remerciés d’avoir bien voulu répondre à notre appel.
Ayant entrepris ce long voyage, armée d’une vision si importante, je suis très heureuse d’être ici aujourd’hui pour vous faire part de mes réflexions sur le chemin parcouru jusqu’ici.
En ma qualité de présidente du Conseil d’administration de TrustAfrica, j’ai, pendant plus de deux ans, assisté avec beaucoup d’appréhension à la préparation de ce Sommet sur l’enseignement supérieur en Afrique.
En 2010, TrustAfrica avait tenu la première d’une série de rencontres nationales au Botswana. J’étais alors loin d’imaginer que l’Union africaine reprendrait les résultats de cette initiative dans sa stratégie 2016-2020 pour l’enseignement supérieur à l’échelle du continent.
Je me réjouis donc de la vision de la Commission de l’Union africaine représentée ici par le Dr Nkosazana Dlamini Zuma.
L’Union africaine, à travers l’Agenda 2063, a saisi l’esprit avec lequel nous devons tous nous mettre ensemble pour bâtir notre continent, nous poser les questions difficiles qui s’imposent et nous acquitter de tâches difficiles.
En développant cette stratégie, l’Union africaine a adopté les principes fondamentaux que les pères fondateurs de l’OUA avaient fait prévaloir en 1963.
Il a certes fallu 50 ans pour en arriver là. Cependant, en développant une stratégie globale visant à optimiser l’utilisation des ressources de l’Afrique et en encourageant les parties prenantes à tirer les leçons du passé et à s’appuyer sur les progrès réalisés pour une transformation socio-économique positive, nous Africains, sommes en train de faire avancer le continent en adhérant aux principes du panafricanisme, en recherchant ensemble des solutions collectives aux problèmes de l’Afrique et en poursuivant les idéaux de l’unité africaine!
Maintenant que le décor est planté, C’est MAINTENANT que nous dévons accomplir le travail!
A TrustAfrica, nous croyons que l’accès amélioré à un enseignement supérieur de qualité pour tous nos citoyens pourrait être le chaînon manquant pour la réalisation d’une émergence inclusive de l’Afrique.
Le travail que nous accomplissons pour promouvoir le développement équitable, la gouvernance démocratique et le renforcement de la philanthropie africaine repose entièrement sur les progrès accomplis dans le secteur de l’enseignement supérieur, berceau du développement des compétences, lieu de génération du savoir et de la production.
Pour cette raison, nous avons choisi de ne pas nous asseoir et laisser les experts conduire le processus de transformation.
Depuis 2010 nous facilitons la collaboration entre les institutions africaines et travaillons au renforcement des relations avec des partenaires qui, comme la Carnegie Corporation, partageant notre vision, en vue de mettre en place une plate-forme continentale capable de mener la transformation urgente du secteur.
A l’heure actuelle l’enseignement supérieur en Afrique a très peu évolué et a connu relativement peu de changements. Cependant, les innovations technologiques intervenues à l’échelle mondiale nous imposent de savoir que l’enseignement supérieur est sur le point de subir une transformation majeure et nous ici sur le continent devons embrasser ce changement pour ne pas être de nouveau laissés pour compte.
Il est de plus en plus important de penser à ce à quoi le secteur de l’enseignement supérieur pourrait ressembler dans 10, 50 ans et au-delà.
Il est important que nous définissions nous-mêmes la voie à suivre car notre action collective permet de renforcer les capacités de l’Afrique d’une voix collective qui sera entendue sur la scène internationale.
Nous devons nous-mêmes définir l’agenda post-2015 pour le développement durable car 2015 marque l’échéance pour les Objectifs du Millénaire pour le développement et le lancement d’un nouveau cadre mondial de développement.
Ce Sommet représente une opportunité unique pour nous autres parties prenantes de travailler ensemble pour trouver des solutions durables pour le développement du continent, en sachant que l’éducation a des fins multiples, notamment celles de préparer les diplômés à entrer dans le marché du travail, de les préparer à la citoyenneté démocratique, de faciliter le développement personnel et de préparer une base de connaissances vaste et approfondie.
L’expérience montre que les universités et instituts de recherche jouent un rôle important dans le développement. Cependant, nous sommes confrontés au dilemme de savoir si l’enseignement supérieur devrait être ou non un objectif de développement à part entière, ou un moyen d’aborder d’autres objectifs de développement?
Il ne s’agit donc pas pour nous de passer notre temps ici à répéter ce que nous savons déjà, mais de voir plus loin et de réfléchir à de nouvelles opportunités et à ce que nous devrions faire différemment pour améliorer notre secteur bien-aimé.
Je regrette d’apprendre, en lisant les rapports réalisés sur les rencontres nationales organisées par TrustAfrica entre 2010 et 2014, que très peu d’administrateurs d’universités prennent part aux discussions sur les politiques relatives à l’enseignement supérieur aux niveaux local, régional ou continental, ou sont y invités à y prendre part.
Ceci doit changer. Comment pouvons-nous promouvoir le changement en dehors des politiques? Ces omissions augmentent les lacunes car les politiques sont conçues dans l’isolement de ceux qui devraient les mettre en œuvre.
La nécessité d’un dialogue urgent entre le secteur de l’enseignement supérieur et les entreprises se fait déjà sentir. L’absence d’une telle plate-forme a pour conséquence des questions d’actualité comme le chômage des diplômés et leur inaptitude au travail.
Comment peut-on, à travers les politiques, faire en sorte que les entreprises, en particulier les investisseurs étrangers, utilisent les compétences locales non seulement en tant que travailleurs en général, mais également leur confient des postes de décision clés.
Il est temps d’envisager l’adoption de mesures permettant de combler l’écart financier en travaillant ensemble pour bâtir des relations plus intégrées et plus sophistiquées entre les secteurs dans les 10 prochaines années.
Nous savons tous que les gouvernements africains n’ont pas alloué de ressources financières adéquates au secteur en raison des demandes concurrentes pour ces ressources.
En tant qu’organisation philanthropique TrustAfrica croit qu’il faut encourager et renforcer les différentes formes de solidarité de l’Afrique pour améliorer le développement impulsé par les communautés locales, en particulier pour le développement du secteur de l’enseignement supérieur.
Nous reconnaissons les différents programmes de bourses d’études en cours. Cependant ces bourses ne peuvent, à elles seules, contribuer à une transformation plus systématique du secteur. Nous avons besoin de mécanismes capables de déployer des ressources financières pour le renforcement de la gouvernance institutionnelle de nos universités et instituts de recherche, la promotion et l’investissement dans l’étude des sciences, de la technologie et des mathématiques.
Par conséquent, nous espérons endiguer la vague de désinvestissement des gouvernements et encourager les philanthropes africains à intervenir et à apporter le financement dont le secteur a besoin, dans des programmes répondant à l’intérêt des pays africains et aux besoins du continent et renforçant le développement équitable.
De nombreuses institutions devront impérativement changer leurs modèles de financement pour être en mesure de continuer à offrir les services nécessaires.
Un tel changement nécessite un changement des mentalités en prenant conscience, qu’au-delà des théories, les institutions d’enseignement supérieur doivent se transformer pour répondre aux besoins en renforçant les processus de transformation tangible.
Jugeant par les opportunités offertes par la technologie, l’avenir semble en effet prometteur.
Il est indispensable qu’à tous les niveaux de l’enseignement supérieur l’on commence à nous projeter sur l’avenir et à réfléchir sur la façon dont ces technologies peuvent être déployées.
Sai nous ne le faisons pas, nous risquons d’être contrôlés par les changements et non l’inverse.
Avec les avancées de la technologie, l’expérience de l’enseignement, à la fois direct et virtuel, va se transformer radicalement.
L’impact de la technologie sur l’enseignement supérieur permettra de répondre aux besoins des étudiants traditionnels et des apprenants adultes, de faciliter l’intégration du genre et, dans certains cas, de résoudre les défis posés par la baisse des budgets.
Cependant, les technologies modernes ne devraient pas être adoptées au détriment des systèmes traditionnels de transmission et d’acquisition du savoir car la préservation de notre patrimoine et le renforcement de la confiance dans les initiatives africaines relèvent de notre responsabilité collective.
Je suis d’avis que la vie et les moyens de subsistance des Africains et d’autres peuples sont façonnés par ce qu’ils savent de leurs propres origines.
Je suis fière de proclamer l’engagement de TrustAfrica dans le processus de transformation du secteur de l’enseignement supérieur en Afrique.
Il est tout à fait normal que notre emblème soit l’acacia. Nous sommes conscients que ce processus de transformation nécessitera la participation de tous, d’où la nécessité de continuer à organiser des rencontres comme le sommet qui nous réunit aujourd’hui pour parvenir à un consensus et apprendre les uns des autres.
A l’avenir j’espère que les institutions d’enseignement supérieur ouvriront la voie à l’unité de l’Afrique au-delà des frontières individuelles et permettront l’adoption de programmes d’apprentissage favorisant l’intégration.
L’Afrique est un continent comprenant huit Communautés économiques régionales.
Elle est le plus jeune continent au monde. En 2050, la moitié de la population africaine sera âgée de moins de 24 ans et en 2100 presque la moitié de la jeunesse du monde sera africaine.
L’Afrique est un continent qui regorge de ressources naturelles, mais sa plus grande richesse réside dans ses ressources humaines, en particulier sa jeunesse.
Par conséquent, pour relever le défi du développement durable, l’Afrique aura besoin de jeunes filles et garçons bien instruits capables de créer leurs propres emplois et de rivaliser avec leurs pairs à travers le monde.
Après-tout, les défis d’aujourd’hui sont constituent également des opportunités de marquer le continent et d’exploiter nos énergies collectives.
Chers amis, bienvenue au Sommet 2015 sur l’enseignement supérieur.
Je vous remercie de votre aimable attention!